Essai charrue Kuhn Vari-Master M : de la route au champ en un tour de main
Charrue portée ou semi-portée ? Avec la première, il n’est pas rare d’entendre que les manipulations sont plus aisées au champ. À l’inverse, les propriétaires de machines semi-portées vanteront l’absence de porte-à-faux, surtout sur la route. Kuhn a décidé de mixer ces deux avantages en concevant une charrue portée au champ se transformant en une semi-portée sur la route. La Vari-Master M se comporte ainsi comme une remorque, bien qu’elle reste attelée au trois-points du tracteur.
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J’ai toujours connu la ferme familiale avec une charrue monoroue semi-portée. Bien que le transport routier soit aisé, les demi-tours sont chronophages, et les fourrières se doivent d’être larges. Nous nous posions depuis quelques années la question de troquer notre charrue semi-portée de six corps contre un modèle porté de cinq corps. Une réticence subsistait cependant : le porte-à-faux sur le relevage du tracteur, en particulier lors des déplacements routiers. Lorsque Kuhn a proposé à Matériel Agricole l’essai de la Vari-Master M, j’ai sauté sur l’occasion. Curieux d’essayer cette machine portée au champ et semi-portée sur la route, j’organise alors un essai sur la ferme familiale, dans la Haute-Saône, afin de réaliser un labour d’hiver. Derrière un maïs grain, je dois préparer la terre en vue d’implanter un soja.
La charrue est apportée à la ferme un matin de janvier, par -2 °C. Les gelées nocturnes seront idéales pour labourer sur le gel, au petit matin. Le tracteur prévu pour l’essai n’étant pas encore arrivé, je me décide à commencer le labour avec le John Deere 7810 de la ferme. Je me dis par ailleurs qu’il sera plus aisé de tester le mode transport de la Vari-Master avec un tracteur non suspendu. Je décharge alors la charrue du camion.
Comme si de rien n’était
J’apprécie tout de suite ce qui fait l’essence de cette charrue, c’est-à-dire son comportement routier puisque je dois réaliser plusieurs kilomètres pour me rendre à la parcelle. La Vari-Master a en effet la particularité de reposer sur sa roue de jauge et de s’articuler au niveau de la fusée d’attelage au transport, bien qu’il s’agisse d’un modèle porté. C’est parti. Dès les premiers mètres, dans les petites rues étroites du village, j'apprécie le braquage court que lui confère son avant-train pivotant. La charrue se faufile aisément là où un modèle porté demanderait plus de manœuvres.
Une fois sorti du village, je me demande comment l’ensemble va se comporter sur les routes quelque peu abîmées du coin. C’est là que je me retrouve bluffé ! Dans les zones où je ralentis habituellement à environ 10 km/h avec les outils portés afin de limiter les secousses, je passe sans encombre à 25 km/h. Je ne sens que très peu la charrue sur le tracteur, et celle-ci n’engendre aucun ballant d’avant en arrière. La suspension de l’avant-train semble efficace. Il convient cependant de monter le relevage en position assez haute afin d’éviter que l’attelage du troisième point, alors débloqué, ne tape contre le châssis.
Un coup à prendre
À mon arrivée au champ, il est temps pour moi de passer la charrue en mode travail. Pour cela, je baisse le relevage du tracteur. L’attelage du troisième point vient alors se plaquer contre la tête, ce qui me permet de le verrouiller manuellement grâce à une manette. Dans le même temps, l’avant-train oscillant se verrouille. Je remonte ensuite le relevage et déverrouille la roue de la charrue pour que celle-ci puisse basculer lors du retournement et servir au contrôle de profondeur. Je débloque la sécurité de la charrue grâce à une manette extérieure avant de remonter en cabine.
Cependant, en activant mon distributeur, la charrue, parfaitement équilibrée, ne tourne pas. Fabien, démonstrateur chez Kuhn, vole à mon secours et, après une légère pression de la main contre une pointe, la Vari-Master se retourne. La largeur variable, réglable hydrauliquement, est déjà sur 16 pouces, je la laisse donc ainsi. J’enclenche le pont avant du tracteur et plante la charrue. J'effectue aisément mes réglages de profondeur et d’aplomb avec le relevage du tracteur et la roue de terrage à réglage hydraulique. Je règle ensuite le déport hydrauliquement afin d’obtenir un recouvrement optimal entre les passages. Le premier d'entre eux me donne également l’occasion d'ajuster mécaniquement les rasettes. Il ne me reste plus, désormais, qu’à pousser les rapports powershift du tracteur !
Un travail de qualité
Pour ce labour d’hiver, je vise une vitesse de travail de 7 km/h. Le sol est limoneux et comporte quelques taches d’argile. Dans les deux types de sols, à une profondeur de travail de 15 cm, les sillons sont correctement recouverts, et la terre n’est, pour autant, pas projetée. Autre point que je surveille : l’enfouissement des résidus. Le maïs grain en a laissé une quantité importante. Or, pour implanter un soja, il me faut un enfouissement complet. Avec la Vari-Master M, c’est mission réussie ! Les rasettes correctement réglées en hauteur placent les résidus au fond de la raie.
Bien que ce réglage s'opère manuellement, je n’ai pas eu à revoir leur angle d’attaque, qui était en position neutre. Dans les grandes longueurs, je n'ai plus qu’à « pousser le manche », comme on dit. Dans les fourrières, cependant, je prends mon temps. La charrue pèse près de 2 t et affiche un porte-à-faux important. Pour ce premier jour, j’ai équipé le John Deere 7810 d’une masse de 1,40 t à l’avant, et il fallait au moins cela ! Le deuxième jour de labour s’est déroulé avec le Fendt 620 Vario qui emportait une masse de 1,25 t à l’avant, et c’était juste : une inversion trop rapide du sens de la marche, et le nez du tracteur décollait du sol ! En prenant mon temps, j'ai pu finir la parcelle de 12 ha en deux jours. Fin de mission pour la Vari-Master M, dont l’utilisation se justifierait bien sur la ferme. Maintenant, place au gel et au dégel afin de casser le labour. Prochaine étape : la herse lourde !
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